Au bout du chemin menant à l'entrée de l'école Poudlard, on peut entrevoir deux silhouettes emmitouflées dans des vêtements on ne peut plus bariolés approchent à grands pas. Ou plutôt, la plus grande approche; l'autre se fait traîner, et d'une façon assez inconfortable si l'on en juge par ses protestations qui, bien qu'incompréhensibles, n'en ont pas moins l'air véhémentes. Le grand homme les ignore toutefois royalement et redouble même de vitesse. Les deux personnes se rapprochant, il devient possible d'identifier la plus petite comme étant Sirendele Dobshalee, le nez en sang et un gigantesque cocard à l'oeil droit, l'air d'avoir passé une journée particulièrement mauvaise. Quant à la plus grande...
A la description que Sirendele avait fait de lui, il est difficile de ne pas reconnaître Zinfandel Dobshalee; la ressemblance inversée avec Ardael est en effet plus que troublante. Des cheveux à l'attitude, on les croirait négatifs l'un de l'autre; toutefois, le visage de Zinfandel est plus anguleux et bien plus âgé, et jamais le regard d'Ardael n'a pu contenir autant d'arrogance. On comprend, rien qu'en le voyant, le juste respect de son jeune frère à son égard.
L'homme pile à quelques mètres de son assistance impromptue et lève un sourcil. Apercevant l'insigne préfectoral sur la poitrine d'Ardael, un petit sourire se dessine sur ses lèvres; il salue le jeune homme d'un quasi imperceptible hochement de tête avant de retourner son attention sur Sirendele, qu'il attrappe par les cheveux pour lui faire relever la tête. Il lui dit quelques mots qui malgré son ton calme semblent peu rassurants; Sirendele hoche vigoureusement la tête, du moins autant que faire se peut avec ses cheveux tirés en arrière. L'homme reporte alors son regard vers Ardael, à qui il sourit en inclinant la tête avant de parler, dans un anglais parfait :
"Je crois savoir que vous avez malencontreusement égaré ceci. Etant grand seigneur, je vous le rapporte -- et en un seul morceau, comme spécifié ! Ne suis-je pas d'une générosité inégalable ?"
Il lâche la tignasse de Sirendele pour lui donner un coup sur le crâne de sa main libre. L'adolescent rentre les épaules et fait une moue boudeuse, mais s'abstient sagement de tout commentaire. Son aîné reprend :
"Je ne peux que vous conseiller de mieux veiller à la sécurité et à l'obéissance de vos possessions... Monsieur Smok, n'est-ce pas ?"
"Bien."
"Ne vous inquiétez pas trop, toutefois; je pense que notre jeune ami a compris la lesson et ne tentera plus d'escapade stupides sans en notifier ses supérieurs. N'est-ce pas ?"
Il baisse les yeux vers Sirendele, qui lui jette un regard implorant -- et sans le moindre effet
"N'est-ce pas ?"
Soupirant, l'adolescent hoche la tête, toujours sans dire mot. L'homme sourit et hoche la tête à son tour
"Très bien. Bon garçon. Tu peux retourner avec tes camarades !"
Zinfandel pousse d'une main son frère en direction de son collègue. Sirendele, arrivé à sa hauteur, lui fait un sourire gêné accompagné d'un petit "Salut les gens" avant de se retourner vers son grand-frère, l'air plus qu'intimidé
"..."
"...Zin... J'pas mes livres..."
"..."
"'Les ai laissés dans l'couloir..."
Son aîné lui adresse un sourire éclatant
"Voilà qui est fort gênant ! Mon petit Sirendele, il me semble bien que tu vas devoir t'en procurer de nouveaux."
"Quel dommage que je n'aie pas songé à prendre d'argent avec moi, n'est-ce pas ? Il va falloir que tu te débrouilles tout seul..."
Sirendele le regarde une seconde, puis baisse les yeux. Zinfandael retrouve un visage des plus sérieux et pointe un doigt vers lui
"A la prochaine réclamation que je reçois à ton égard..."
Il semble sur le point de continuer, puis se reprend, laissant planer la menace en l'air. Il rebaisse le bras, jette un dernier coup d'oeil au petit groupe, puis se retourne pour partir. Au bout de quelques mètres, toutefois, il lève la tête avec un soupir, et revient sur ses pas en secouant la tête. Arrivé face à son frère, il sourit légèrement et lui tapote le crâne -- gentiment, cette fois-ci
"Et essaie d'avoir ce satané diplôme, veux-tu ?"
Puis après avoir salué l'assemblée d'un signe de tête, il se retourne et reprend sa route, une main levée par-dessus son épaule en guise d'au-revoir. Sirendele regarde la silhouette de son frère disparaître au bout du chemin sans mot dire, puis avec un soupir résigné, tente d'étancher le flot de sang s'écoulant de son nez avec la manche de son salwar. Echouant pitoyablement, il se retourne vers son compatriote avec un petit sourire
"...Euh..."
"...Bah... J'suis rev'nu..."